Le trot monté

Dans une épreuve de trot monté, le jockey (et non plus ‘driver’) est directement assis sur sa monture dont il devra contrôler l’allure. Le but d’une course de trot monté consiste à trotter le plus rapidement possible pour franchir le poteau d’arrivée en première position. Pour ce faire, le jockey adopte la position du trot en équilibre : il prend continuellement appui sur ses étriers, ses fesses ne touchant pas la selle, de manière à libérer le dos du cheval afin que ce dernier puisse allonger ses foulées et gagner en vitesse pure.

À l’instar d’une course de trot attelé, tout cheval qui se met au galop au cours de l’épreuve fait l’objet d’une disqualification immédiate. Bien que peu répandu à l’international, le trot monté est néanmoins mis à l’honneur à l’occasion du célèbre Prix de Cornulier, lequel se déroule sur l’hippodrome de Vincennes l’avant-dernier dimanche de janvier (soit une semaine avant le Prix d’Amérique) sur une distance de 2.700 mètres.


Quelles sont les différences entre le trot attelé et trot monté ?

trot monté

Au trot monté, le cheval doit fournir un effort plus intense qu'à l'attelé !

En règle générale, les courses de trot monté sont plus simples à déchiffrer. En premier lieu, il faut savoir que l’absence de sulky permet au jockey de profiter d’une visibilité totale sur l’avant et de simplifier son passage à la corde. La course en elle-même gagne en régularité et en fluidité : les ‘télescopages’ entre les concurrents sont moins récurrents, en particulier lors de la phase d’élancement. En matière de vitesse, on notera que la réduction kilométrique (c’est-à-dire le temps moyen que mettra un cheval pour couvrir une distance ramenée à 1.000 mètres) du trot monté est légèrement supérieure à celle du trot attelé (de l’ordre de 2 secondes), encore que la réduction kilométrique de ‘Traders’ lors de l’édition 2018 du Prix de Cornulier [1’11’’3] flirte avec celle établie à l’attelé par Bold Eagle et Readly Express à l’occasion des éditions 2017 et 2018 du Prix d’Amérique [1’11’’2] …

Pour quelle raison le trot monté est-il donc plus lent que le trot attelé ? Tout simplement parce que la présence d’un poids situé à proximité du centre de gravité du cheval impactera ses aptitudes locomotrices. En conséquence, un cheval ‘libéré’ d’une charge dorsale améliorera la longueur de ses foulées (et non leur fréquence). Pour illustrer notre propos, demandez-vous si vous préférez porter un sac de ciment à bras-le-corps ou le tracter sur un chariot à roulettes … 


La ferrure du cheval : un élément potentiellement lourd de sens !

À quoi sert un fer à cheval ?


Voilà bien une composante de la course à laquelle certains turfistes ne pensent pas forcément … À tort ! Comme vous le savez certainement, le fer à cheval est une bande de métal recourbée en U qui vient épouser le dessous des sabots des équidés afin de les protéger contre l’usure prématurée de la corne. Il peut également avoir des vertus orthopédiques dans la mesure où, en modifiant la surface d’appui du pied au sol, il est capable de corriger certains défauts d’aplomb.

Les chevaux deferrés sont-ils plus rapides ?


Dans le cadre des courses hippiques, le fer à cheval vise évidemment à protéger le sabot du cheval contre les frictions induites par les séances d’entraînement à répétition et l’abrasivité des pistes. En règle générale, les trotteurs sont plus performants lorsqu’ils sont déferrés si l’on s’en tient aux faits purement mathématiques : les chevaux qui courent ‘pieds nus’ ont tendance à mieux s’en tirer que leurs congénères ferrés ou partiellement déferrés. De fait, dès lors que vous en savez un peu plus sur la ferrure des chevaux en lice, il est impératif que vous preniez ce paramètre en compte au moment de ‘faire le papier’.


Le sexe du cheval peut-il avoir une influence ?

prix de cornulier trot monté

Victoire haut la main de Roxane Griff et d’Éric Raffin lors de l'édition 2014 du Prix de Cornulier !

Même s’il est couramment admis que le sexe du cheval peut avoir une infime incidence sur l’issue de l’épreuve (notamment lors des courses d’endurance), sachez qu’il n’en est rien au trot monté. Les femelles s’en sortent aussi bien que les mâles en termes de réussite et de rentabilité, statistiques (et photo) à l’appui. Savez-vous que les éditions 2014, 2015, 2016 et 2017 du Prix de Cornulier ont été remportées par des juments (Roxane Griff à deux reprises, Scarlet Turgot et Bellissima France) ?

De même, il est communément admis que les trotteurs atteignent le sommet de leur forme à l’âge de 6 ou 7 ans et qu’au-delà de ce seuil de maturité, ils sont en fin de carrière. Même s’il est vrai que la moyenne d’âge des trotteurs ayant remporté le Prix de Cornulier (épreuve de référence) au cours des 50 dernières années gravite autour de 7 ans, cela n’a pas empêché de nombreux chevaux plus âgés de signer de brillants succès, ne serait-ce qu’à l’occasion des dernières éditions (Malakite en 2009, One du Rib en 2010, Olga du Biwetz en 2011, Quif de Villeneuve en 2012, Roxane Griff en 2014 et 2015, Scarlet Turgot en 2016 …). Bref, comprenez qu’il serait particulièrement risqué de votre part de ‘faire le papier’ au regard de ces seuls paramètres (sexe et âge), tant les exemples qui viennent alimenter les théories généralistes à ce sujet peuvent tous être infirmés par des contre-exemples parfaitement valables.

Que penser des nouveaux-venus dans la discipline ?

D’ordinaire, les chevaux engagés dans les courses de trot monté sont des spécialistes de la discipline. De fait, il est assez fréquent de voir les mêmes chevaux concourir. Une simple rétrospective de leurs précédentes confrontations et une comparaison de leurs performances respectives vous permettront d’affiner la pertinence de vos pronostics. Si certains chevaux excellent dans les deux disciplines (ce fut le cas de Bellino II et de Jag de Bellouet), il faut toujours faire preuve de prudence à l’égard d’un cheval qui passe soudainement d’une catégorie à l’autre. En effet, si un trotteur manifeste des signes de lassitude, il est possible que son propriétaire et/ou son entraîneur, s’il estime que le cheval a encore de la réserve à faire valoir, le fasse passer de l’attelé au monté (ou inversement) pour qu’il puisse y exprimer son potentiel résiduel. Si l’expérience peut s’avérer fructueuse, elle peut également ne pas l’être … 


Agrippez vos jumelles et scrutez les séances préparatoires !

Avez-vous déjà entendu parler des ‘heats’ ? Le ‘heat’ désigne une séance d’échauffement à laquelle les trotteurs prennent part environ une à deux heures avant le début de l’épreuve. D’ordinaire, il se décline en deux temps : une première session à l’allure modérée et une seconde à l’allure plus soutenue. Ces séances préliminaires, riches en enseignements, vous permettront d’évaluer la souplesse des chevaux, la limpidité de leur allure et leur disposition mentale.

Si votre cheval manifeste des signes palpables de nervosité, s’il affiche une allure irrégulière ou s’il adopte une attitude indolente, c’est mal engagé … Mieux vaudra donc vous rabattre sur un concurrent moins crispé et plus énergique. En effet, l’impression visuelle que vous laissera un trotteur à l’occasion d’un ‘heat’ est un élément capital. Vous l’aurez compris : munissez-vous d’une paire de jumelles, direction l’hippodrome, et ne perdez pas une miette du ‘heat’ d’avant-course. La perspicacité de vos observations pourra peut-être vous épargner une cruelle désillusion. Sinon, regardez autant que possible la rediffusion des dernières courses afin de peaufiner votre capacité d’analyse et de recueillir des informations exploitables.


Cheval, jockey, entraîneur, hippodrome … Choisissez le quatuor magique !

Avant de vous pencher sur les records établis par les différents chevaux pour cerner leur potentiel, il convient de toujours s’interroger sur les conditions dans lesquelles ils les ont réalisés (distance, hippodrome, pénétrométrie de la piste …). En produisant un classement des trotteurs par réduction kilométrique corrigée, vous obtiendrez des données pertinentes que vous pourrez exploiter pour établir vos pronostics.

Le cheval ...


Qu’importe la discipline, n’oubliez jamais que chaque cheval possède sa distance de prédilection. À ce titre, méfiez-vous des chevaux ‘rallongés’, à savoir ceux qui s’engagent pour la première fois sur une distance supérieure à celle qu’ils ont l’habitude de couvrir, et n’ayez plutôt d’yeux que pour les chevaux ‘raccourcis’, à savoir ceux devront couvrir une distance inférieure à celle qu’ils ont coutume d’arpenter. Si le cheval a déjà fait ses preuves sur la distance, l’hippodrome et la discipline du jour, on peut dire qu’il se prête parfaitement aux conditions de course …

... et les hommes !


Sitôt vos investigations sur le cheval menées à leur terme, intéressez-vous désormais à son entourage : son propriétaire, son entraîneur et son jockey. Le propriétaire possède-t-il des chevaux en activité qui se sont brillamment illustrés dans un passé récent ? L’entraîneur prépare-t-il son cheval en vue d’un événement spécifique ou veille-t-il à lui dispenser un entraînement plus polyvalent pour aborder chaque épreuve avec une égale ardeur ? Enfin, dernier élément et non des moindres, le jockey est-il un ‘crack’ à même de signer de belles performances ou est-il trop souvent relégué en queue de peloton ?

Les favoris restent une valeur sûre !

Concluons cet article en rappelant à tous nos lecteurs que le trot monté est, somme toute, une affaire de spécialistes où l’expérience des participants joue un rôle prépondérant. Les aléas y étant moins fréquents qu’en attelé, les favoris sont moins enclins à la faute et rallient bien souvent l’arrivée en excellente position … De fait, jouer un favori en placé, c’est faire preuve de bon sens !


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