Les allures du cheval

Les ‘allures’ font référence aux différentes manières que le cheval adoptera pour se déplacer et, par extension, l’ordre dans lequel il va successivement poser ses membres sur le sol. Hormis les allures naturelles  instinctives que le cheval pratique en liberté (le pas, le trot et le galop), il existe également des allures artificielles  (le passage, le piaffer, le pas espagnol, la courbette, la croupade, la pesade, la cabriole, la levade, la ballotade, le mézair …) qu’il pourra acquérir par le biais du dressage.

Certains chevaux de marche, le cheval islandais en tête, possèdent des allures naturelles supplétives, notamment le tölt ou l’amble volant. Sous l’effet de l’inconfort ou du surmenage, le cheval peut également adopter une allure défectueuse : l’amble, l’aubin, le traquenard, le trottinement, le galop désuni, le galop rompu, le galop à quatre temps ... À la différence des allures défectueuses précitées, le cheval pourra également adopter une allure irrégulière  (il rase le tapis, il trousse, il billarde …) qui peut impacter ses performances. Voici un article synthétique qui regroupe la quasi-totalité des allures équines.


Les allures naturelles du cheval

galop mustang américain

Difficile de rester de marbre face à la prestance naturelle du mustang américain !

Le pas

Le pas désigne, dans le domaine de l’équitation, l’allure marchée symétrique à quatre temps égaux séparés des équidés et autres quadrupèdes. Le cycle des battues se décompose comme suit : I. Postérieur droit - II. Antérieur droit - III. Postérieur gauche - IV. Antérieur gauche. Le pas fonctionne par bipèdes latéraux : chaque action engagée par les membres de gauche est transposée de la même manière par les membres de droite. Chaque postérieur, en se posant, oblige son antérieur à se lever. C’est l’allure la plus idoine pour disposer le cheval à exécuter toutes les difficultés de l’équitation. C’est également au pas que les imperfections du dressage sont les plus palpables. On estime que l’allure d’un cheval au pas oscille entre 6 et 8 km/h (il ne s’agit là que d’une appréciation chiffrée). Il va de soi que cette vitesse varie sensiblement d’un cheval à l’autre …

Le trot

Le trot est une allure à la fois sautée et symétrique qui fonctionne par bipèdes diagonaux. Le trot comprend deux temps égaux : le premier correspond à la pose d’un bipède diagonal (antérieur droit et postérieur gauche, par exemple) et le second correspond à la pose de l’autre bipède diagonal (antérieur gauche et postérieur droit). Chaque temps est ponctué par une phase de projection au cours de laquelle le cheval n’a plus aucun membre en appui au sol. Au trot, un cheval de selle carbure à la vitesse moyenne de 14 km/h. En équitation, on distingue notamment le trot assis, le trot enlevé, le trot en équilibre ou encore le trot arabe.

  • Au trot assis, le cavalier reste assis dans sa selle. Son corps suit les mouvements du cheval en souplesse.
  • Au trot enlevé, le cavalier se lève en prenant appui sur ses étriers un temps sur deux afin de ménager le dos de sa monture.
  • Au trot en équilibre, le cavalier est en appui constant sur ses étriers et ses fesses n’entrent jamais en contact avec la selle. Cette position du cavalier, très usitée dans les courses de trot monté, permet de libérer le dos du cheval, lequel peut ainsi allonger ses foulées pour gagner en vitesse.
  • Au trot arabe, le cavalier se tient à la verticale dans ses étriers, le corps droit.

Le galop

Le galop est la plus rapide des allures naturelles du cheval et d’autres équidés. Il s’agit là d’une allure sautée, basculée et asymétrique qui comporte trois temps inégaux associés à une phase de projection. La pose des membres diffère selon que le cheval galope à droite ou à gauche. Par exemple, le mécanisme du galop à droite se présente comme suit : I. Pose du postérieur gauche - II. Pose du bipède diagonal gauche (antérieur gauche et postérieur droit) - III. Propulsion sur l’antérieur droit. Il suffit d’inverser la droite et la gauche dans l’exemple mentionné pour connaître le mécanisme du galop à gauche. On estime qu’un cheval au galop carbure à une vitesse comprise entre 21 et 27 km/h. Au demeurant, sachez que certains chevaux de course n’ont aucune difficulté à franchir la barre des 60 km/h sur de courtes distances. En fonction des disciplines pour lesquelles elles se destinent (courses, saut d’obstacles, dressage, équitation de travail …), les selles sont adaptées à ces différentes pratiques. Du reste, la position du cavalier (galop assis, galop enlevé, galop en suspension …) variera selon les besoins de la discipline.

Le tölt

Le tölt est une allure innée à quatre temps, très rapide, que l’on retrouve principalement chez les chevaux islandais ainsi que chez certaines races américaines, comme le Rocky Mountain Horse. Sorte d’amble rompu, le tölt est souvent considéré comme l’allure la plus confortable qui soit, le cheval ayant la particularité de conserver en permanence au moins un pied en contact avec le sol et de fournir un fort engagement des postérieurs (de quoi limiter considérablement les secousses ressenties par le cavalier). À noter également qu’au tölt, le cycle des battues est identique à celui du pas. Pour l’anecdote, seul le cheval islandais possède 5 allures (le pas, le trot, le galop, le tölt et l’amble volant) de manière innée.

tölt cheval islandais

Un cheval islandais au tölt ...

Autres allures 'naturelles'

Bien que le cas de figure soit plutôt rare lorsqu’il est en liberté, il est possible que le cheval soit amené à reculer (pour décocher une ruade, pour appeler à lui un autre cheval qu’il domine, pour se faufiler vers l’arrière s’il est coincé par devant …). En reculant, il adoptera une allure marchée, symétrique et rétrograde dans laquelle il lèvera et posera ses membres par bipèdes diagonaux. De même, face à un obstacle naturel, il pourra être amené à sauter. Le franchissement d’un obstacle se décompose en cinq phases distinctes, à savoir : la battue d’appel, la phase ascendante, le planer, la phase descendante et la réception. Notons également que certains chevaux américains (notamment le Tennessee Walking Horse) possèdent des allures relevées spécifiques (slow gait, running walk …) qui présentent certaines similarités avec l’amble.


Les allures artificielles du cheval

Outre le cabrage et la ruade qui sont à cataloguer logiquement dans le registre des ‘mouvements naturels’, les allures artificielles regroupent l’ensemble des airs d’école stylisés qui ont été inculqués au cheval par le dressage à partir d’une allure naturelle. À la fois gracieuses, harmonieuses et spectaculaires, elles ont vocation à améliorer la prestance du cheval (même si elles exigent un effort musculaire plus important de sa part). Parmi les allures artificielles figurent le passage, le piaffer, le pas espagnol, la courbette, la croupade, la pesade, la cabriole, la levade, la ballotade, le mézair (airs relevés), le galop sur trois jambes, le galop arrière et le galop terre à terre.

Le passage consiste en un trot écourté et raccourci, rassemblé et cadencé, élégant et élastique, qui se caractérise par un temps de suspension entre le moment où le cheval soulève deux jambes opposées en diagonale et le moment où il les repose au sol. En période de monte, il n’est pas impossible de voir certains étalons adopter cette allure de manière naturelle et spontanée.

Le piaffer désigne une figure de haute école, suspendue et majestueuse, dans laquelle le cheval lève simultanément les deux jambes diagonalement opposées sans avancer ni reculer. En trottant sur place à cadence lente, le cheval peut également faire savoir que son élan a été brisé.

La courbette est un saut pour lequel le cheval doit préalablement avancer ses pieds postérieurs le plus près possible de son centre de gravité, en pliant les angles articulaires de l'arrière-main et en affaissant cette partie. Il lève ensuite les membres antérieurs en pliant les extrémités sous lui, de sorte que l'avant-main se trouve enlevée. Après avoir pris cette position, il fait un petit bond afin de gagner du terrain. Les hanches rabattent et accompagnent les membres de devant dans l'instant où ils retombent à terre. 

La pesade consiste à forcer le cheval à s'enlever du devant comme s'il se cabrait, mais avec cette différence que les extrémités antérieures sont pliées sous lui et que les angles articulaires des membres postérieurs sont fléchis ; puis à revenir immédiatement à sa première position. Les pieds de derrière ne peuvent bouger de place.

La croupade est un saut plus élevé que la courbette, dans lequel le cheval étant en l'air, trousse et retire sous lui et à la même hauteur ses quatre extrémités, sans faire voir ses fers, de sorte que l'avant et l'arrière-main se trouvent sur un même niveau. 

Le pas espagnol, en vogue dans les spectacles équestres, désigne le pas cadencé, majestueux et pontifiant au cours duquel le cheval élève et étend alternativement ses membres antérieurs vers le haut et vers l’avant tout en conservant une attitude rassemblée.

Lors d’une ballotade, le cheval soulève son avant-main et, par une poussée vigoureuse des postérieurs, se détache du sol vers le haut avant de retomber sur ses quatre membres.

Lors d’une levade, le cheval soulève son avant-main pour ne tenir que sur ses membres postérieurs. Tout en gardant les antérieurs repliés et les jarrets fléchis, il forme un angle de 30 à 45° avec le sol.   

La cabriole diffère de la croupade et de la ballotade dans la mesure où cet air de manège est plus élevé que ceux-ci, et que le cheval n'avance de son saut que d'environ trente à trente-cinq centimètres. Lorsqu’il est en l’air, l’avant et l’arrière-main à la même hauteur, le cheval détache une ruade, imitant ainsi le saut de la chèvre (d’où lui vient le nom).


Les allures défectueuses

allures cheval

L'amble, l'aubin et le traquenard sont autant d'allures défectueuses ...

L'amble

L’amble désigne la façon de marcher naturelle ou acquise par le dressage propre à certains quadrupèdes (girafes, chameaux, éléphants, ours, okapis, lamas …). Cette démarche symétrique se caractérise par un fort déroulé latéral. En effet, les quadrupèdes qui la pratiquent se déplacent par bipèdes latéraux : ils lèvent alternativement les jambes d’un même côté. À noter que cette allure est proscrite dans les courses de trot. De même, dans les épreuves de dressage, l’amble est considéré comme une dégradation de l’allure et fait l’objet d’une pénalité.

L'aubin

Un cheval qui ‘va l’aubin’ amalgame le trot et le galop. En adoptant cette allure défectueuse et irrégulière, le cheval fautif galope sur les antérieurs et trotte sur les postérieurs (ou inversement).

Le traquenard

Également appelée ‘trot désuni’ ou ‘trot décousu’, le traquenard désigne un amble rompu dans lequel, sous l’impulsion d’un excès de vitesse, le cheval dissocie ses battues diagonales.  

Le trottinement

Si les actions du cavalier l’empêchent de prendre le trot, il est possible de voir le cheval, sous l’effet de la contrariété, se réfugier dans le trottinement : une allure cadencée (sans phase de projection) qui se situe à mi-distance entre le pas rapide et le trot.

Le galop désuni

Dérivée du galop, le galop désuni désigne une allure où le cheval pose un bipède latéral au lieu d’un bipède diagonal lors du deuxième temps. En d’autres termes, le cheval galope d’un côté des antérieurs tandis que ses postérieurs galopent de l’autre côté. Il est possible que certains chevaux changent de pied des antérieurs tout en restant du même côté des postérieurs. Si un cheval galope de manière désunie, son cavalier veillera à en corriger l’allure au plus vite. 


Les allures irrégulières

Les irrégularités d’allure trahissent un défaut d’équilibre du cheval. Les causes sont diverses : un manque de souplesse induit par des membres de peu d’amplitude, un cavalier mal positionné sur la selle, une fatigue générale de la monture … Étant donné qu’elles surviennent pendant le travail à l’occasion d’un effort particulier et qu’elles génèrent un déséquilibre dans la locomotion du cheval, les irrégularités d’allure sont de nature à impacter négativement les performances de ce dernier au cours d’une épreuve hippique.

  • Un cheval qui rase le tapis ne lève pas suffisamment ses antérieurs.
  • Un cheval qui trousse lève ses antérieurs de manière exagérée.
  • Un cheval qui billarde projette ses membres antérieurs en dehors au cours de la flexion et les ramène vers l’intérieur pendant la phase d’extension.
  • Un cheval qui forge atteint de la pince du postérieur le fer antérieur. Les causes peuvent être multiples : une ferrure défaillante, le surmenage de la monture, un problème de conformation …
  • Un cheval qui berce tend à marcher en se balançant latéralement.
  • Un cheval qui se croise est enclin à la chute puisqu’il place ses postérieurs devant ses antérieurs.
  • Un cheval qui harpe (ou qui éparvine) fléchit brusquement du jarret d’un mouvement convulsif.

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